Tout est calme dans la petite maison de Phandalin. NybarG, le demi-orc, se lève tranquillement. Il est encore tôt, mais il aime prendre son repas du matin seul, avant l’arrivée de ses compagnons. Ils possèdent tous une petite chambre dans cette maison offerte par le bourgmestre. La communauté profite depuis quelques semaines de la quiétude du village, mais les habitudes du demi-orc sont tenaces. Ancien garde du corps, il continue à se lever tôt et à faire un petit tour dans Phandalin pour s’assurer que tout va bien.
NybarG ouvre doucement sa porte et descend tranquillement l’escalier. Il prend le soin d’éviter l’avant dernière marche. Elle grince toujours un peu et pourrait réveiller ses compagnons. Le demi-orc passe par la cuisine, prend un morceau de pain et de fromage et sort par la porte de devant. En faisant attention, il aurait sans doute vu la lettre ouverte sur la table de la pièce principale.
Kerlam’halaha, Evendur et Finnan finissent par se lever à peu près en même temps. Les trois compagnons s’attendent à trouver Clain dans la cuisine. L’ensorceleur demi-elfe se lève souvent un peu après NybarG et aime mettre la table et préparer le petit déjeuner pour les trois retardataires. Ce matin pourtant, la maison est calme. La table n’est pas mise et Clain n’est pas présent dans la cuisine. Kerlam’halaha et Evendur commencent à tout préparer quand ils entendent Finnan.
Les trois compagnons en restent là. Nul ne sait comment répondre aux deux dernières questions. Doivent-ils se lancer à la poursuite de leur ami, sans aucun indice n’indiquant sa destination ? Puisqu’il ne les a pas prévenus, souhaite-t-il gérer cette affaire seul ? Finnan, Kerlam’halaha et Evendur sont en pleine réflexion lorsque la porte s’ouvre sur un NybarG à l’air satisfait. A la vue de ses trois amis, son visage se renfrogne. Il se passe quelque chose d’anormal.
Quelques heures plus tôt, Ardad Rhashei, un messager, arrive à Phandalin. Le voyage a été éprouvant. Le pourpoint du voyageur, d’un blanc immaculé lors de son départ est maintenant d’un gris terne, recouvert de la poussière de la route. L’étalon loué pour le chemin fait pale mine, n’ayant pas bénéficier d’un nombre de pauses suffisant. Informé au comptoir de Barthen au moment de faire le réapprovisionnement pour le voyage retour, Ardad sait déjà où trouver Clain. Une courte description de l’ensorceleur lui a été faite avant son départ mais les commanditaires ont été très clairs, il n’a pas été revu dans sa ville natale depuis fort longtemps, il a pu changer quelque peu de l’image que l’on y fait de lui. Le messager a reçu un pli à délivrer à Clain. D’un naturel curieux, Ardad s’est permis d’ouvrir la missive et d’en parcourir le contenu. Dès le début, il a flairé une histoire pas très nette et a préféré s’assurer de ne courir aucun risque. De ce qu’il en a compris, la lettre parle d’un prêtre gravement malade et d’un message important à remettre à Clain l’ensorceleur avant la mort du bigot. Ce qui est étrange, c’est que le commanditaire ne ressemble en rien à un prêtre et que le lieu de rendez-vous n’est certainement pas un lieu de culte. Ardad décide d’accomplir la tâche pour laquelle il a été payé, mais également de repartir aussitôt la missive délivrée.
Dans la taverne de Stonehill, Toblen s’apprête à fermer les portes. La soirée a été bonne notamment grâce aux nains qui ont repris la mine et aux bucherons de passage à Phandalin. Ce soir, la salle était pleine grâce aux deux groupes de travailleurs. Quelques habitués étaient également présents, notamment les cinq héros du village. Toblen n’hésite jamais à leur offrir la première tournée, c’est peut-être pour cela qu’ils sont si souvent accoudés à son bar. Désormais, la salle est presque totalement vide. La soirée est terminée et il ne reste qu’un ou deux clients ivres que Toblen devra jeter dehors. Il s’assurera de les assoir sur le banc à côté de la porte. S’ils s’endorment, ils seront au moins à l’abri. En jetant un œil au fond de la salle pour s’assurer qu’il n’a oublié personne, Toblen s’aperçoit que Clain, l’ensorceleur est toujours assis. Sa chope est vide mais il semble plongé dans la lecture d’une lettre.
Pas de réponse.
Clain quitte l’établissement à grandes enjambées, se dirigeant vers la maison qui leur a été offerte. Toblen soupire. La fermeture, c’est ce qu’il aime le moins. Il lui faudra encore vingt bonnes minutes pour finir de tout nettoyer, ranger les bancs et les chaises sur les tables, les tabourets sur le bar et passer un grand coup d’eau sur le sol.
Sa tache réalisée, Toblen sort pour vérifier si les deux ivrognes sont toujours dehors sur son banc. Il a préparé un pichet d’eau à déposer à leurs côtés s’ils avaient soif dans la nuit. Alors qu’il ouvre sa porte, un cheval passe dans la rue au grand galop. Très bizarre de partir si tard, le cavalier devait être vraiment pressé pense le tavernier. Le banc accueille toujours les deux bienheureux, assoupis contre le mur de sa taverne. Il dépose le pichet d’eau et part se coucher. Une journée de plus en moins, dans ce bon petit village de Phandalin.