Chapitre 20 - Nangaloré

Le Cœur d’Ubtao est vide et les lieux ont été fouillé. Evendur et Finnan se tournent vers Clain :

• Tu as des explications à nous donner, non ?
• Oui. Protégeons-nous dans la petite hutte de Leomund et allumons un feu. Je vais tout vous raconter.

Rapidement, Kerlam’halaha lance le sort protecteur. Un feu est allumé, le fromage et les rations sont de sortie. Une fois tout le monde installé, Clain commence à raconter son histoire :

• Vous souvenez-vous de mon départ précipité de Phandalin ? J’avais reçu une lettre qui m’informait que mon maître était mourant. C’est un prêtre qui m’a recueilli quand j’étais très jeune. C’est un peu mon père adoptif. Sur le trajet, j’ai été enlevé et torturé par les mages rouges. Ils avaient des informations très personnelles. Ils m’ont dit que mon maître était mort. Tous les bandages que j’avais sur le corps à mon retour couvrait les traces de leurs tortures. Je suis parvenu à m’échapper et à revenir à Phandalin. Maintenant, vous comprenez pourquoi je veux absolument me venger. C’est pour cette raison que je voulais venir au Cœur. Les mages rouges me recherchent, mais qu’ils se méfient, je suis aussi sur leurs traces.
• Ok je comprends, répond Finnan.
• Cela n’explique pas la licorne, reprend Evendur.
• J’aimerais ne pas trop en parler. Disons que ma source de magie est, disons, chaotique. Lorsqu’ils m’ont torturé, je me suis tourné vers mon dieu. Je l’ai supplié encore et encore mais rien n’a changé. J’ai mis de côté mes anciennes croyances. Je ne crois plus en rien aujourd’hui. Ma magie a été impactée par ce reniement. Elle est trop puissante, je ne la maitrise plus tout à fait.

Le groupe continue quelque peu à discuter avant de s’endormir à tour de rôle. Le lendemain matin, les aventuriers prennent la route de Nangaloré. Cela les éloigne un peu d’Omu mais ils veulent en savoir plus sur l’histoire du Chult. Cela leur permettra peut-être de régler cette histoire plus facilement.

Lors du deuxième jour de voyage, ils aperçoivent un groupe d’étrange gargouille dans le ciel. Les étranges créatures viennent du sud-ouest et file nord-est. En regardant la carte de Syndra Sylvaine, ils supposent qu’elles viennent d’Omu et se dirigent vers Kir Sabal.

Le quatrième jour, un bruit incroyable surgit droit devant eux. Ils se cachent sous un taillis pendant que Finnan s’avance discrètement. Il revient au bout de quelques minutes, l’air apeuré : « Un Tyrannosaure Zombie vient de traverser devant moi. Il était monstrueux. Je vous propose de patienter un moment ici et de ne prendre aucun risque. Nous continuerons plus tard. »

Au bout d’une heure de patient, ils reprennent le chemin. Arrivé sur les traces du reptile géant, Finnan analyse les traces. Les branches et troncs renversés semblent se diriger vers le sud-ouest. Il faudra peut-être éviter cette zone plus tard.

A l’approche de Nangaloré, le chemin est difficile. Le terrain est devenu marécageux et difficilement praticable. Au bout de plusieurs heures à patauger dans la boue sous une chaleur infernale, ils atteignent un parc surélevé. Un fantastique édifice s’élève au milieu de la jungle. Il s’agit d’un jardin suspendu d’une incroyable et exotique beauté. Au bout d’une grande avenue d’une trentaine de mètres se trouve une statue représentant une tête de tyrannosaure. De sa gueule ouverte s’échappe un flot continue d’eau, qui court le long de l’avenue jusqu’aux marches qui permettent de pénétrer dans le parc. L’avenue est bordée de terrasses de 1,50 mètres de haut. Six arches s’ouvrent dans le mur de soutient des terrasses, mais ces arches ainsi que les tunnels auxquels elles permettent d’accéder sont à divers stades de délabrement. Entre chacun de ces passages se trouve un magnifique visage, plus grand que nature, gravé dans la pierre.

Les terrasses, situées en hauteur, sont envahies d’une incroyable profusion de plantes et parcourues d’une multitude de perroquets bigarrés et de canaris qui chantent et volettent de-ci de-là. Au nord, au-dessus de la tête de tyrannosaure, se trouve un bâtiment possédant un dôme de briques sur le point de s’effondrer. Deux autres dômes en cloche de plus petite taille se trouvent au bout des hautes terrasses à droite et à gauche. Le marais entoure tout le parc et une rivière peu profonde, de six à neuf mètres de larges empêche d’accéder normalement à l’entrée. Plusieurs crocodiles sont visibles dans l’eau.

Clain ne lance pas brumeux et se téléporte en bordure de la terrasse intermédiaire. Il vérifie qu’aucun danger immédiat n’est présent. Il se retourne juste à temps pour attraper la corde que lui lance Finnan. Dès que celle-ci est attachée et tendue de part et d’autre du bras de la rivière, Finnan traverse debout sur la corde, tel un funambule. NybarG le rejoint en traversant à la force des bras. Les brins de la corde s’effilochent mais personne ne le remarque. Kerlam’halaha décide de montrer son agilité et de traverser comme Finnan.

Debout sur la corde, elle parvient au milieu de la traversée mais la corde rompt, affaiblie par le poids du demi-orc. La corde craque et l’elfe atterri les fesses dans l’eau. Heureusement, le bras de la rivière est peu profond, elle peut se relever sans problème. Nullement blessée, elle décide de rejoindre le mur de soutènement de la terrasse lorsque Finnan et Clain crie : « les crocodiles ! ».

Quatre sauriens s’approchent de leur proie. Finnan ramasse et jette à son amie le morceau de corde. Il semble assez long pour permettre à Kerlam’halaha de grimper sur la terrasse. Les crocodiles sont sur elle. Un seul des trois attaquant parvient à blesser légèrement la magicienne. Son sort de bouclier lui a une nouvelle fois sauver la vie. L’elfe se fait mordre une seconde fois lorsqu’elle monte sur la terrasse. Evendur se retrouve seul de l’autre côté. Il invoque un élan géant et monte sur celui-ci. L’animal charge les reptiles. Le premier est frappé de plein fouet. Les trois reptiles plongent sous l’eau et repartent. L’élan géant grimpe aisément sur la terrasse. Arthus, Chair-à-dragon et Ekou semblent échaudés par les coups de dents des crocodiles. Ils indiquent aux cinq aventuriers qu’ils restent ici en les laissant explorer les ruines de Nangaloré. S’ils ont besoin, ils pourront venir les chercher à tout moment.

Les compagnons sont émerveillés des merveilles de Nangaloré. L’envahissante végétation locale ne peut dissimuler que ce jardin soit un havre pour des plantes exotiques qui ne poussent pas naturellement dans la jungle avoisinante. On y trouve de curieuses fleurs, d’immenses fougères et des plantes encore plus étranges qui ressemblent à des pommes de pin géantes, ou des nénuphars qui semblent envahir tout l’espace. De nombreux canaris volettent d’une plante à l’autre, tandis que des perroquets aux becs rayés observent les arrivants en jasant. En contrebas, l’avenue centrale inondée et les quatre visages de pierre, au-dessus les terrasses supérieures et le dôme est incite les aventuriers à grimper une nouvelle fois. Un arbre présent sur celle-ci possède des racines qui facilitent l’escalade. Lorsque tout le monde est arrivé sur la terrasse supérieure, ils approchent du dôme pour fouiller un peu. A peine arriver, trois chwinga apparaissent au milieu des gravats. Deux d’entre eux semblent timide et n’approchent pas des héros. Le dernier semble très intéressé par NybarG. Il ouvre de grands yeux et tend la main vers l’immense demi-orc. Finnan et Kerlam’halaha sourient : « il semble admiratif de ta grande taille, NybarG ». Le barbare se baisse et tend sa main vers l’étrange créature. Leurs doigts se touchent et une sensation de bien-être emplit le corps de NybarG. Le chwinga baisse la tête solennellement et s’enfuie rapidement. Kerlam’halaha explique à NybarG : « tu viens de recevoir un superbe cadeau de la part de cette créature. Elle vient de t’offrir un charme de restauration. C’est une magie puissante qui nous servira certainement ! ».