Chapitre 42 - Le bureau de Flétri

Dans la pénombre étouffée du bureau de Flétri, une lueur vacillante émanait d'une lanterne ancienne, posée avec une sorte de solennité négligente sur un établi encombré. À côté de quelques outils éparpillés, elle semblait étrangement hors de propos, presque comme un vestige d'un temps oublié. Les aventuriers s'approchèrent avec une curiosité mêlée de prudence, sentant l'aura mystérieuse qui émanait de cet objet. La lanterne, délicate et ornée, semblait contenir une présence invisible, une essence capturée dans le verre et le métal.

Lorsqu'ils la touchèrent, une sensation étrange parcourut leur peau, comme si une brise légère et insaisissable les caressait. Une voix douce, mais empreinte de tristesse et de mystère, résonna dans leur esprit, leur contant une histoire ancienne, celle de la Fille des étoiles. Elle était une sorcière elfe de la lune, son esprit désormais emprisonné dans cette lanterne, condamné à errer dans les ombres de l'oubli.

Corrin, avec une expression mêlée de révérence et de mélancolie, partagea son récit. La lanterne avait appartenu autrefois à Seward, un membre de la compagnie de la Bannière Jaune, et elle était bien plus qu'un simple artefact. Elle était le réceptacle de l'esprit de la Fille des étoiles, emprisonnée il y a des siècles après sa mort tragique aux mains d'un fomorien. Son esprit, affaibli par le temps, avait trouvé refuge dans ce reliquaire enchanté.

Au fil des siècles, la mémoire de la Fille des étoiles s'était estompée, ne laissant que des lambeaux de souvenirs flottant dans l'obscurité de son existence immatérielle. Pourtant, même dans sa prison de verre, elle conservait une lueur d'espoir, une lueur qui avait guidé la compagnie de la Bannière Jaune dans sa quête désespérée pour ramener à la vie l'elfe bien-aimé.

Oscar, le regard brillant d'anticipation, tourna son attention vers les autres, son esprit déjà en ébullition devant les possibilités infinies que cette découverte offrait. Ils étaient confrontés à un choix crucial : suivre les traces des légendes oubliées et poursuivre la quête de l'Œil de Zaltec ou s'aventurer plus profondément dans les mystères du tombeau.

NybarG, rappela aux autres la mention des sœurs couturées dans les notes de Flétri, une piste précieuse dans le labyrinthe de secrets et de dangers qui les entourait. Avec une détermination renouvelée, le groupe se prépara à explorer plus avant les mystères de ce lieu maudit, leurs esprits intrépides prêts à affronter l'obscurité qui les attendait. Ce cercle de guenaudes avaient été mentionnée par Mémé Poupou lors de leur confrontation près de Phandalin.

Pendant qu'ils fouillaient la pièce à la recherche d'indices supplémentaires, leurs regards tombèrent sur une série de journaux moisis, témoins silencieux de l'histoire tourmentée d'Omu et du Tombeau des Neuf Dieux. Les pages jaunies racontaient une saga de gloire et de décadence, une tragédie qui avait scellé le destin de la Cité Interdite.

Les ruines d'Omu se dressaient autrefois comme un joyau au cœur de Chult, sa richesse et sa prospérité alimentées par les précieuses ressources minières qui gisaient sous ses fondations. Mais la soif de pouvoir et d'avarice avait corrompu les dirigeants de la cité, les poussant à exiger des tributs toujours plus grands de leurs voisins, jusqu'à ce que la colère du dieu Ubtao se manifeste sous la forme de maladies dévastatrices et d'épidémies mortelles.

Les prêtres d'Omu perdirent leur magie, les temples d'Ubtao furent détruits, et la cité sombra dans le chaos et la désolation. Les dieux charlatans, invoqués dans un acte de désespoir, ne firent qu'aggraver la situation, conduisant la cité sur la voie de sa propre destruction.

Puis vint Acérérak, une entité maléfique attirée par les épreuves mortelles d'Omu, qui décida de concevoir son propre donjon sous la cité. Son arrivée marqua le début de la fin pour Omu, car il élimina les neuf dieux charlatans et réduisit en esclavage les habitants restants, les forçant à creuser des tombeaux pour leurs dieux vaincus. Les corps des escalves servirent à lever une armée de morts de vivants, errant dans les couloirs du tombeau. Certains, comme Flétri, devinrent les escalves éternels qui s'occupaient de garder le tombeau en état, près à récolter les âmes et les corps des aventuriers qui s'y perdaient.

La malédiction d'Omu persista à travers les âges, son histoire marquée par la trahison, la cupidité et la vengeance. Ras Nsi, le seigneur de la guerre déchu, établit son règne sur les ruines de la cité, préparant l'arrivée imminente de Dendar le Serpent Nocturne, et scellant ainsi le destin funeste d'Omu.

Pendant que les aventuriers assimilaient les sombres révélations des journaux, leurs doigts tremblants parcoururent les lignes usées et tachées d'encre, cherchant des réponses à leurs questions brûlantes. Et dans l'ombre de la pièce, les ombres dansaient, murmurant des avertissements silencieux et des promesses de terreur à venir.

Au fur et à mesure que les aventuriers examinaient les recoins poussiéreux du bureau de Flétri, leurs mains parcouraient chaque surface, à la recherche d'indices cachés et de secrets oubliés. Leurs doigts finirent par tomber sur un parchemin jauni, presque dissimulé sous une pile de vieux livres. Dépliant le parchemin avec précaution, ils découvrirent une série de notes sombres et inquiétantes, détaillant la sinistre vérité sur l'atropal, une abomination oubliée née des ténèbres elles-mêmes.

L'atropal, une création déformée et inachevée d'un dieu maléfique, était une horreur difforme, une entité dont l'existence même défiait toute logique et toute compréhension. Dépeint comme un être titanesque, son corps déformé et boursouflé était surmonté d'une tête hypertrophiée, aux yeux vides et vitreux qui semblaient percer l'âme de ceux qui osaient croiser son regard. Les lignes écrites sur le parchemin décrivaient l'impossibilité de ressusciter cette créature, même avec l'intervention des dieux eux-mêmes. L'atropal était condamné à errer dans les ténèbres pour l'éternité, une ombre impie dans le monde des vivants.

Les aventuriers frissonnèrent en lisant les détails macabres de cette horreur, sentant le poids de sa présence oppressante peser sur leurs épaules. Leur esprit était rempli d'images cauchemardesques de cette créature abominable, une créature dont la seule existence semblait menacer l'équilibre même du monde.

Pourtant, même au milieu de l'obscurité, il y avait des lueurs d'espoir, des promesses de richesse et de puissance qui brillaient faiblement dans l'ombre des ténèbres. Les notes disséminées dans le bureau révélaient des détails sur plusieurs trésors légendaires, des artefacts anciens et puissants qui avaient le pouvoir de changer le cours de l'histoire.

Le Calice Crânien de Ch'gakare, orné de joyaux scintillants et taillé dans le crâne d'un roi omuan oublié, promettait la faveur des dieux eux-mêmes à ceux qui l'obtiendraient. La princesse Mwaxanare, avide de reconquérir le trône d'Omu, convoitait ardemment cet artefact, voyant en lui le moyen de restaurer la gloire passée de sa lignée royale.

La Couronne d'Opale Noire, portée autrefois par l'archimage Sadamor du Néthéril, était un symbole de pouvoir et de destruction. Les légendes racontaient que son reflet obscur révélait la véritable nature de l'humanité, tandis que sa création avait conduit à la naissance d'une sphère d'annihilation, une arme capable de détruire des mondes entiers. Les yuan-tis, désireux d'éveiller Dendar le Serpent Nocturne, croyaient que cette couronne était la clé de leur sombre dessein.

L'Œil de Zaltec, un rubis immense couronnant la Grande Pyramide de Nexal, promettait des pouvoirs incommensurables à ceux qui osaient le rechercher. La Compagnie de la Bannière Jaune avait entrepris cette quête périlleuse, mais leur sort était resté un mystère, leur destinée scellée dans les profondeurs insondables du tombeau.

Le Nombril de la Lune, une pierre polie en forme d'œuf, réputée pour guider ceux qui la tenaient vers leur foyer et leurs proches, était un trésor convoité pour ses pouvoirs énigmatiques. Marin, la fille du syl-pacha régnant sur Calimport, avait reçu cette pierre en cadeau, mais son destin était désormais lié aux aventuriers qui osaient affronter les dangers de la Cité Interdite.

Alors que les aventuriers contemplaient ces récits de gloire et de désespoir, ils sentaient le poids de l'histoire s'abattre sur leurs épaules, une charge lourde de promesses et de périls. Mais malgré les défis qui les attendaient, leur détermination restait inébranlable, leur volonté de défier le destin plus forte que jamais. Ils étaient prêts à affronter les ténèbres qui se dressaient devant eux, armés de courage, de détermination et de l'espoir brûlant de changer le cours de l'histoire.