Chapitre 49 - Le miroir d'emprisonnement

Le crâne doré flottait toujours au-dessus d'eux, son rire moqueur résonnant dans les couloirs sombres alors que les aventuriers descendaient vers le sud de la salle centrale. "Oh, encore un choix discutable ! Vous êtes vraiment doués pour trouver les ennuis," ricana-t-il, ses orbites luisant d'une lueur malicieuse.

La nouvelle salle qui s'offrait à leurs yeux était dominée par un imposant miroir rectangulaire richement ornementé, enchâssé dans le mur. Sa surface ondulait légèrement comme de l'eau argentée figée dans le temps. Le reflet qu'il renvoyait était étrangement déformé, donnant aux aventuriers une apparence maladive et décharnée, comme si leur chair se desséchait à vue d'œil, leurs cheveux tombaient et leurs dents pourrissaient. Des runes anciennes couraient le long de son cadre ouvragé, brillant faiblement dans la pénombre.

Oscar, poussé par la curiosité, s'approcha du miroir. À peine eut-il fait un pas dans son champ de neuf mètres que la surface miroitante s'anima, ondulant comme de l'eau troublée. En un instant, le clerc disparut, aspiré par le miroir et emprisonné dans l'une de ses douze cellules extraplanaires.

"Ça ne sent pas bon," grommela NybarG, ses muscles tendus trahissant son inquiétude. "Il avait qu'à ne pas y aller." Le barbare alluma une torche et la jeta vers le miroir, mais elle traversa la surface sans effet. Le crâne doré éclata d'un rire strident : "Brillante démonstration ! Peut-être devriez-vous aussi essayer de lui parler gentiment ?"

Les souvenirs du journal de Flétri resurgirent dans leur esprit, particulièrement la mention de Khomara Noirfeu. En désespoir de cause, NybarG invoqua son fidèle destrier squelettique, mais celui-ci disparut également dans les profondeurs argentées du miroir.

"Attachez-moi à une corde," proposa Clain, considérant l'utilisation d'un sort de dissipation. Le djinn apparut brièvement, son visage translucide affichant un sourire narquois : "Oh oui, excellente idée ! Rien de tel qu'une petite promenade dans un miroir magique millénaire..."

Kerlam'halaha, ignorant les commentaires sarcastiques de leurs spectateurs immortels, invoqua une chauve-souris qui parvint à atteindre le miroir. Concentrant sa magie, elle lança un sort de détection, révélant la présence de deux mots de contrôle gravés dans les runes. Méthodiquement, elle commença à visionner les différentes cellules prisonnières dans le miroir.

Dans la dixième cellule, elle trouva enfin Oscar, qui semblait plus agacé qu'effrayé. "Si vous avez fini de vous amuser," lança-t-il, "j'aimerais assez sortir d'ici." Kerlam'halaha prononça le mot "Khomara" pour désactiver le miroir, puis "Noirfeu dix" pour libérer Oscar.

Le miroir révéla d'autres prisonniers fascinants : Lukanu, ancien garde du corps de la reine Napaka d'Omu, et un minotaure qui s'avéra être son ami fidèle. Ils libérèrent également Biff Longuépée, qui n'était autre qu'un doppelganger déguisé ayant suivi la compagnie de la Bannière jaune dans le tombeau. Face à leur refus de l'accueillir dans le groupe, il partit seul dans les ténèbres du donjon.

"Charmante réunion," commenta le djinn, "mais peut-être devrions-nous parler de ce qui vous attend à l'est ?" Son ton suggérait qu'il en savait plus qu'il ne voulait bien le dire.

Au bout du couloir Est, ils se retrouvèrent face à un imposant bloc de pierre qui barrait le passage. Sur sa surface était peint un humanoïde décharné vêtu d'une cape à capuchon, son visage n'étant qu'une nuée d'étoiles scintillantes. La figure levait sa main gauche flétrie, la paume tournée vers l'extérieur. Sur les murs environnants, des bas-reliefs inquiétants représentaient des foules d'humanoïdes fuyant devant une étoile noire flottant dans le ciel, ses rayons de lumière transformant les créatures touchées en poussière.

Corrin, observant attentivement la peinture, comprit l'énigme qui se présentait à eux. Il prit position devant la porte et reproduisit la pose de la figure, levant sa main gauche, paume vers l'avant. Dans un grondement sourd, le bloc de pierre s'enfonça dans le sol, révélant le passage qui s'étendait au-delà.

Dans le nouveau couloir qui s'ouvrait devant eux, une tête de diable verte monumentale, haute d'un mètre quatre-vingts, dominait l'espace. Sa gueule béante de trente centimètres de diamètre semblait absorber toute lumière, formant un vide d'une noirceur absolue. Des murmures en abyssal s'en échappaient pour ceux qui s'approchaient à moins d'un mètre cinquante : "Les ténèbres viennent pour vous. Votre fin est proche."

Dans la salle suivante, la légendaire couronne d'opale noire reposait sur un piédestal de marbre, son joyau noir luisant d'une lueur malsaine. Tandis que Kerlam'halaha s'en emparait malgré les avertissements de ses compagnons, deux créatures cauchemardesques émergèrent des ténèbres de la gueule du diable vert : des Bodaks, leurs visages vides de toute humanité fixés sur le groupe. Ces morts-vivants effrayants semblaient parfaitement à l'aise dans les ténèbres absolues de la sphère d'annihilation, qui ne leur causait aucun dommage.

NybarG entra immédiatement dans une rage berserker, sa hache fendant l'air avec une précision mortelle. Clain invoqua un mur de flammes qui embrasa les créatures, tandis qu'Oscar tentait en vain de les repousser par la foi. Corrin, voyant le danger, lança une protection contre le bien et le mal sur Oscar.

Le combat fit rage dans la salle, les flammes du mur de feu de Clain dansant sur les murs, projetant des ombres démoniaques. NybarG enchaîna avec deux puissants coups de hache, parvenant à abattre la première créature. Mais le combat intense réveilla sa rage du berserker, et il perdit momentanément le contrôle, se retournant contre Oscar. Heureusement, l'armure du clerc absorba le choc, et le barbare lâcha sa hache, reprenant ses esprits juste à temps pour voir le dernier Bodak succomber aux flammes de Clain.

"Magnifique spectacle !" applaudit le djinn. "Particulièrement le moment où vous avez failli vous entre-tuer. Très divertissant !"

Kerlam'halaha examina la couronne avec son sort de détection de la magie, mais ne détecta rien de particulier. Elle la rangea prudemment dans sa besace, sous le regard désapprobateur de ses compagnons. L'objet semblait être exactement ce dont parlait le journal de Flétri : un artefact d'une valeur inestimable, créé par l'archimage Sadamor du Néthéril, dont la création avait donné naissance à une sphère d'annihilation. Sa valeur était estimée à pas moins de 5000 pièces d'or, peut-être même le quadruple si elle était vendue aux enchères dans une grande ville.

Face à eux se dressait maintenant une nouvelle porte, ornée d'une peinture énigmatique. Le crâne doré flottant laissa échapper un petit rire : "Oh, encore une porte ! Vous savez ce qu'on dit : trois fois rien, c'est déjà trop dans ce tombeau..."

Les aventuriers échangèrent des regards inquiets, conscients que chaque pas les rapprochait de leur objectif, mais aussi de dangers toujours plus grands. Dans l'air lourd du tombeau, les échos de leurs pas semblaient murmurer des avertissements que seuls les morts pouvaient comprendre.