Chapitre 9 - Le parcours du bourreau

Après avoir fini leurs achats, le groupe décide de se rendre à Port Nyanzaru pour trouver des informations. Ils sont partis depuis plusieurs semaines maintenant, ont obtenu le droit de parcourir la jungle sans être importunés par le point enflammé commandé par Liara Portyr mais ne savent toujours pas par où commencer.

Vers midi, les aventuriers embarquent sur un bateau qui les mène sans encombre à la capitale du Chult. La traversée est offerte par la commandante de fort Beluarian. A peine arrivé à quai, NybarG, Finnan et Clain remarquent qu’à chaque fois qu’ils croisent un groupe de gardes, ceux-ci font des clins d’œil appuyé l’un des membres du groupe. Finnan décide de tirer cela au clair et s’avancer vers le dernier garde à avoir agi, mais Kerlam’halaha s’interpose. Elle propose de passer à autre chose : « ce ne sont que des imbéciles. Nous avons plein de choses à faire, continuons. » Evendur et Finnan comprennent que c’est l’elfe qui est ciblée, que celle-ci cache quelque chose. Ils s’amusent de la situation au détriment de l’elfe et décident d’aller voir les gardes malgré les supplications de leur amie. A leur approche, le garde prend la parole :

• Bonjour, vous êtes plutôt bien accompagnés messieurs. Vous avez besoin d’un renseignement peut-être ?
• Pourquoi tous ces clins d’œil vers notre compagnon ?
• L’elfe qui vous accompagne a réalisé des prouesses connues de toute la ville messieurs !
• Pardon ? Vous parlez d’un récital, d’une chanson ou d’un morceau qu’elle aurait interprété ?
• Ah, parce qu’elle chante ? On ne savait pas. Non, on parle de prouesses plus, …, techniques. D’ailleurs, si elle a un peu de temps à perdre, j’ai bientôt terminé mon quart.
• Ok, mais je prends un pourcentage, rétorque Finnan.

Kerlam’halaha commence à s’énerver. Elle récite à voix basse le début d’un enchantement quand NybarG, son soutien de toujours bouscule Finnan et attrape le garde par le col. Sans parler, les menaces sont claires. Il repousse le garde qui se fait tout petit : « Quand on a des mœurs aussi étranges et que l’on fricote avec un prince de la ville, il ne faut pas s’étonner que ça jase en ville… ». Le groupe de garde s’éloigne, non s’en se retourner en regardant le demi-orc d’un air mauvais.

Les aventuriers avancent dans la rue lorsqu’un groupe de notable se dirige droit vers eux. Evendur, qui aime peu la ville commence à ronchonner. « Cette journée commence bien… ».

• Bonjour étrangers. C’est bien vous qui avez failli laisser mourir plusieurs aventuriers dans la jungle il y a de cela plusieurs semaines ?
• Evendur s’avance et prend la parole : pardon ? Nous avons bien croisé un groupe en piteuse état mais nous leur avons céder plusieurs rations.
• C’est bien cela. L’un de ces aventuriers est Shago, fils de Zhanti, princesse marchande. C’est le seul à être revenu en vie, après avoir mangé vos maigres rations.
• Un seul est revenu, qu’en est-il des autres ?
• Ils ont tué le guide, un autochtone sans valeur et ont dû se nourrir de sa viande. Du cannibalisme, et de votre faute !
• Comment ça de notre faute, s’insurge le groupe en entier. Qu’aurions-nous du faire ? Se sacrifier pour ce groupe ?
• Vous auriez dû les raccompagner, voilà tout. Shago a été très clair dès son arrivée, vous étiez conscient de ne pas leur donner suffisamment de nourriture pour revenir jusqu’à Port Nyanzaru.
• Nous leur avons proposé de les raccompagner à fort Beluarian. Ils seraient tous en vie s’ils avaient accepté.
• Écoutez, cette affaire fait les choux gras de toute la ville depuis des semaines. Rendez-vous demain, 10 heures, au parcours du bourreau. La sentence sera énoncée et mise en œuvre, bien entendu.

Le groupe continue de se défendre mais le magistrat leur tourne le dos et repars d’un air satisfait.

Le groupe s’arrête à l’ombre d’un mur et discute de la tournure des évènements. Ils ne peuvent pas s’enfuir sans échouer dans leurs missions. Port Nyanzaru est le seul endroit d’où ils pourront partir en expédition et découvrir la source de la malédiction qui frappe le monde. Ils vont devoir se rendre au parcours du bourreau et se défendre contre cette plainte calomnieuse. Pour le moment, ils décident de se rendre chez Wakanga. Lui aussi est Prince marchand, il pourra peut-être intervenir.

Arrivé au palais de Wakanga, les portes s’ouvrent immédiatement. Les gardes reconnaissent Kerlam’halaha et ne posent aucune question, l’accès lui semble automatiquement accordé. Wakanga sort les accueillir : « très chère Kerlam’halaha, dès que j’ai su que votre arrivée, j’ai interrompu ma réunion. Que puis-je faire pour vous ? Avez-vous du temps libre avant votre prochain départ ? ».

Kerlam’halaha explique la situation. Wakanga comprend que le groupe dont parle la cité depuis plusieurs semaines est celui de l’elfe qu’il a hébergé quelques temps auparavant.

• Sachez que Zhanti espérait votre mort. Elle est des plus courroucées, vous avez failli mener son fils à la mort.
• Comment nous sortir de cette impasse ? Pouvez-vous intervenir ?
• Zhanti et moi ne sommes pas en bon terme. Kerlam’halaha, dormez ici ce soir et je lui en toucherais un mot demain au parcours du bourreau.
• Êtes-vous sûr de pouvoir régler l’affaire ?
• Je vous mentirais si je disais que oui.
• Très bien, nous trouverons une autre solution. Que pouvez-vous me dire sur cette Zhanti ?
• Gardez cela pour vous mais elle fait partie d’un groupe nommé Ypteka. C’est une société secrète qui œuvre pour qu’aucune organisation extérieure à Port Nyanzaru ne prenne le pouvoir. Elle a aussi des liens avec le Zhentarim et se méfie fortement de la porte de Baldur. Ces informations devraient avoir un prix, ce sont les seules cartes dans ma manche lorsque je négocie avec Zhanti. Dernière chose, son affaire du moment est liée à Liara Portyr et à des attaques pirates. Je crois que Zhanti cherche des preuves de la corruption qui aurait lieu à Fort Beluarian.

Evendur et NybarG se regarde et hoche la tête. Ils ont surement des éléments en mains pour convaincre la princesse marchande de se montrer clémente.

• Nous allons prendre congé et nous rendre chez Zhanti, il faut régler ce problème immédiatement, intervient Evendur.
• Kerlam’halaha, restez dormir ici. Nul ne sait ce qui se passera demain. C’est peut-être notre dernière …
• Assez, coupe Kerlam’halaha. Nous nous reverrons, Prince, mais je dois accompagner mes amis et régler ce problème une bonne fois pour toute.

La villa de la princesse Zhanti n’est qu’à quelques pas de celle de Wakanga. Les aventuriers sont surpris d’être accueilli par le magistrat qu’ils ont rencontré quelques heures plus tôt. Ils expliquent venir discuter du litige avec Zhanti. Il serait bon de trouver un terrain d’entente avant la rencontre de demain au parcours du bourreau. Le magistrat mène les cinq héros devant la princesse. La princesse marchande s’occupe du commerce des pierres précieuses, des bijoux et des tissus chultans dans toute la cité. La villa est des plus luxueuse. Une alcôve dans les murs de l’enceinte reçoit une armure étincelante et le crane de chaque ancêtre de Zhanti, des joyaux étincelants à la place des yeux.

• Ha ! Les quasi-meurtriers de mon fils. Vous ne manquez pas d’audace en vous présentant ici même.
• Nous sommes là pour régler ce malentendu. Nous avons tenté d’aider votre fils. Nous lui avons même proposé de nous accompagner à fort Beluarian. Shago a refusé.
• Lui avez-vous donné suffisamment de ressources pour revenir à port Nyanzaru ? L’avez-vous accompagné ? Non, vous les avez laisser courir vers une mort certaine. Vous faites de piètres aventuriers. Combien mange une créature comme votre ami verdâtre ? La vie d’un demi-orc comme lui vaut bien moins que celle de mon fils…
• Allons, modérez-vous madame. Ne lui parlez pas ainsi, il va s’énerver, intervient Finnan.
• Pfff, il ne sait pas parler, il ne dit rien. Rien de plus qu’animal de compagnie, n’est-ce pas ?
• Changeons de sujet, reprend l’halfelin. Nous pourrions peut-être vous aider ? Sur un tout autre sujet ?
• Que pourriez-vous donc avoir à m’offrir. Je suis la plus riche des princes marchands.
• Je ne sais pas ? Des informations, à propos des pirates qui attaquent les bateaux se rend au port ?

Zhanti semble surprise ; elle réfléchit un instant :

• Suivez-moi dans le petit salon. Qu’on ne nous dérange pas, lance-t-elle à un garde poster à la porte. Que savez-vous sur ces pirates, et comment savez-vous que cela m’intéresse ? Méfiez-vous, vous avez mis les pieds sur un terrain des plus glissants.
• Nous aussi avons nos informateurs. Écoutez nos informations et montrez-vous, disons, clémente demain, négocie Finnan.
• Allez-y, demi-homme, arrêtez vos flagorneries…

Finnan se retourne vers ses compagnons. Il a pris la main sur cette discussion sans s’être concerti avec ces amis. Le groupe regarde la princesse et recule de quelques pas. Une discussion agitée commence. Peut-on nommer informateur ? Ne risque-t-il pas sa vie ? Evendur prend les devants et explique que le serveur du fort Beluarian risque sa vie s’il est découvert. Clain avance qu’ils travaillent tous les deux pour cette étrange organisation, la société Ypteka.

Zhanti s’impatiente.

• Décidez-vous, je perds un temps précieux.
• J’ai discuté avec un membre de votre groupe, explique Evendur. Il servait à la cantine de fort Beluarian. Il m’a communiqué des informations sur les pirates et leur lien avec le poing enflammé.
• Comment se nomme se serveur ?
• Vous le connaissez sans doute, remarque Finnan.
• Tais-toi donc, intervient Evendur. Non, il a mentionné la société Ytepka. Nous savons que vous en fait partie.

Pendant une fraction de seconde, Zhanti est comme frappée par la foudre.

• Taisez-vous ! Ne cité pas ce nom ici. Mais comment savez-vous cela ?
• Nous avons nos méthodes, et sommes efficace.
• Bref, pourquoi notre ami commun vous aurais fait confiance ?
• Je lui ai payé une chope de bière alors que la salle était vide. Il semble avoir été surpris de ce geste. Il ne serait pas étonnant que les étrangers et les soldats de la porte de Baldur ne le traite comme un moins que rien.
• Jaro vous a considéré digne de confiance, cela à de la valeur à mes yeux. Continuez.
• Jaro, c’est bien lui qui nous a renseigné. Il nous a indiquer que Liara Portyr est en lien avec les pirates. Elle les informe des allées et venues à Port Nyanzaru. Si un bateau avec de riches négociant venant de Baldur approche, les pirates en sont informés pour préparer un raid ou une embuscade.
• Savez-vous ou se cachent ces pirates ?
• Clain prend la main : oui. Leurs bateaux seraient cachés au mouillage de Jahaka, à l’ouest. Comment ne pouvez-vous pas être au courant de tout cela ?

La gêne de Zhanti est palpable. Sa honte se voit sur son visage.

• Jaro n’a jamais considéré Shago comme digne de confiance. Il le disait trop impulsif, pas assez réfléchi. Partez le cœur plus léger. On se retrouve demain à 10h au parcours du bourreau. Toutefois, je ne peux pas perdre la face. Je vous ferais une offre des plus intéressantes.
• N’oubliez pas la clémence demain, termine Evendur.

Les aventuriers décident de se rendre à la même auberge que lors de leur précédent passage à Port Nyanzaru. Sur le chemin du retour, il y a toujours autant de sourires en coins ou de clins d’œil vers Kerlam’halaha.

Le lendemain, le groupe se lève de bonne heure, prend un léger repas composé de pain et de fromage, accompagné par quelques chopes de bières. Les cinq compagnons se dirigent rapidement vers le parcours du bourreau pour y arriver un peu en avance et espérer pouvoir plaider leur cause si besoin.

Jessamine, la princesse marchande en charge de faire respecter la loi dans la cité prend la parole. Après un court discours, les faits sont relatés et le murmure de la foule se fait de plus en plus insistant : « Ces cinq étrangers ont délibérément laissé un groupe d’aventuriers avec trop peu de ration pour rejoindre Port Nyanzaru. Parmi ce groupe, Shago, fils de la princesse Zhanti a dû tuer ses compagnons et s’adonner au cannibalisme. Si les cinq pseudo-héros devant vous avaient consenti à leur donner plus de ration, ou à les raccompagner à la capitale, nous n’aurions pas perdu cinq de nos hommes et Shago n’aurait pas été obligé de s’adonner à de telles atrocités. Malgré cela, Zhanti m’a demandé de montrer de la clémence. Elle a pardonné aux accusés. Voici donc mon offre : soit vous nous payez une amende de 1.500 pièces d’or, soit vous tenter la traversée du parcours du bourreau. »

NybarG, Kerlam’halaha et Evendur se tournent vers Finnan : « Tu as assez d’argent, paye cette rançon ». L’halfelin refuse, il préfère tenter sa chance que de ne dépenser le moindre sou. Clain est un peu en retrait, cette histoire ne l’intéresse pas. La justice des hommes découle de celle des Dieux, et depuis peu, il ne croit plus en rien. Le demi-elfe est désabusé et ne s’occupe pas de cette affaire. Il suivra l’avis de la majorité.

Le groupe tentera donc le parcours du bourreau. Finnan demande à trouver un bookmaker pour effectuer un pari, mais il n’en a pas le temps, les cinq amis sont jetés dans la fosse. Alors qu’ils se relèvent, ils découvrent les adversaires du jour. Deux allosaures et six raptors leurs font face.

L'allosaure est un dinosaure prédateur possédant une taille, une force et une vitesse stupéfiante. Il fonce vers NybarG en bondissant vers l’orc pour la déchiqueter avec ses griffes vicieuses. Le barbare tombe au sol et prend plusieurs coups de griffe au torse. Il se protège comme son attaquant en profite pour mordre sauvagement son avant-bras.

Clain réagit rapidement, il lance le sort Motif Hypnotique que l’allosaure qui n’a pas encore attaqué et endors sa cible. Finnan tire à l’arc sur un vélociraptor. Fier d’avoir touché sa proie, il se retourne pour pavaner alors que la boule de feu tirée par Kerlam’halaha passe juste au-dessus de sa tête. L’halfelin n’aura pas le temps de jouer les fiers à bras, son amie elfe vient de carboniser les six raptors d’un coup. En quelques minutes, il ne reste que l’allosaure qui s’attaque à NybarG en état de se battre.

La foule hurle. La ville entière entend un vacarme de tous les diables provenir du parcours du bourreau. Peu à peu la clameur reprend le surnom trouvé par un enfant pour Kerlam’halaha. « Vive la libertine assassine ! Vive la libertine assassine ! ».

NybarG se relève et riposte avec un grand coup de hache. Evendur invoque un serpent constrictor géant avant de soigner le barbare. L’allosaure continue d’attaque NybarG. Il le blesse une nouvelle fois et le barbare perd une nouvelle fois le contrôle. Sa hache maudite le rend fou de rage. Clain n’a pas remarqué que son ami vient de craquer. Il lance un orbe chromatique de feu et blesse l’allosaure. Le serpent géant, invoqué par Evendur essaye de mordre le dinosaure mais ne parvient pas à traverser le cuir épais de sa peau. Finnan arrive par derrière et achève le dinosaure d’une attaque surprise. Kerlam’halaha soupire en pesant que c’est terminé mais elle remarque la hache de NybarG qui se lève et s’abaisse brutalement sur Finnan. Un deuxième coup projette l’halfelin en arrière, surpris et sonné.

Evendur se concentre et soigne Finnan, l’halfelin ne cours plus de danger pour le moment. Tout se tumulte réveille le d’allosaure hypnotisé. Il s’attaque à la première cible qu’il voit et se jette sur NybarG. Au moins, le barbare sera occupé. La foule ne comprend plus ce qu’il se passe. Pourquoi le demi-orc a-t-il attaqué l’un de ses camarades ?

Tous les héros s’attaquent au dinosaure. Le reptile reçoit un orbe chromatique provenant de Clain puis est mordu par le serpent géant. Finnan le frappe de sa lame, NybarG l’assène de coup de hache. Malgré tout, la bête reste debout. Kerlam’halaha lance un sort de sommeil qui endort l’allosaure et le fait tomber au sol. Le sort touche aussi le barbare mais celui-ci résiste. Maintenant, c’est le serpent qui est attaqué par NybarG. Clain prend la fuite avec Finnan. Kerlam’halaha recommence et endort enfin NybarG.

Dans la fosse, il reste Evendur et Kerlam’halaha, à proximité du barbare et du dinosaure endormi, ainsi que Clain et Finnan, qui se sont rapproché du bout du parcours du bourreau. Là-bas, deux échelles de cordes permettent à ceux ayant réussi la traversée à sortir de la fosse.

Evendur et Kerlam’halaha agrippent NybarG par les jambes et trainent le lourdaud endormi sur les soixante mètres qui les séparent de la fin du parcours. Une fois sortit, ils sont acclamés par la foule et sont déclarés innocents.

« Vive la libertine assassine ! »